Pourquoi produire des gros bois ?

1 février 2018

La Forêt Française représente aujourd’hui 16,5 millions d’hectares, soit 30% du territoire.

C’est, en outre, la forêt la plus diversifiée d’Europe avec 136 espèces d’arbres. Le volume total de bois sur pied dépasse les 2,5 milliards de m3. Les résineux représentent 920 millions de m3, soit 36% du volume de bois sur pied. Actuellement, les industriels militent pour la production de « moyens bois » de résineux.

Cette demande pressante oblige les producteurs à revoir leur stratégie de production et pousse certains à « couper leur blé en herbe ».

Chercher à produire des gros bois, est-ce une lubie ou un objectif raisonnable ?

Tout d’abord, qu’est-ce qu’un GROS BOIS (GB) et TRES GROS BOIS (TGB) ?

Tout dépend en fait de la qualité de la bille de pied et de l’essence.

Par exemple, un Sapin pectiné ou un Epicéa commun de 65 à 70 cm de diamètre, trouvera aisément un preneur pour une qualité Menuiserie. Alors que ce même Sapin de qualité Emballage ne pourrait être facilement valorisé.

Les jolies billes de Douglas sans branche de 80 à 90 cm de diamètre, s’arrachent sur le marché Allemand (jusqu’à 235 € / m3 sous écorce sur parc).

Il ne s’agit donc pas de produire n’importe quel GB !

Il faut avoir comme objectif de produire de belles billes de pied, cylindriques, au fil droit, sans nœud ou avec des petits nœuds sains et adhérents.

Un diamètre objectif de 60 à 70 cm, avec 10 à 20 m de hauteur de grume, est tout à fait satisfaisant.

 

 

Quels sont les intérêts pour la filière ?

  • Les qualités mécaniques du bois se bonifient avec l’âge :

Tous les scieurs vous le diront : « Les qualités mécaniques du bois se bonifient avec l’âge ».

Selon une étude menée auprès de nombreuses scieries de résineux, il ressort qu’à 40 ans, 45% des planches sont classées C18 (qualité moyenne pour la Charpente) et à 70 ans, 93% des planches sont classées C30 (excellente qualité) !

Même dans les procédés modernes de construction (lamellé-collé, CLT…), l’utilisation des GB est jugée plus avantageuse en raison de leurs très bonnes qualités technologiques (davantage de bois mature et moins de bois juvénile).

 

  • Production et économie :

Sauf exception, force est de constater que les GB ne se vendent actuellement pas plus cher que les moyens bois, voire même que les petits bois.

Mais la production de gros bois reste toutefois une opportunité à saisir.

En effet, du simple fait de leur accroissement annuel en volume, un arbre de 30 cm de diamètre produit annuellement moins de volume qu’un bois de 50 cm qui, lui-même, produit moins de volume qu’un bois de 70 cm. L’accroissement en volume unitaire est beaucoup plus fort pour les GB que pour les BM.

Il est par conséquent intéressant pour un propriétaire d’avoir dans sa forêt une bonne proportion de GB qui, même à prix de vente égaux, lui offrira un revenu annuel plus important.

Ayons bien en tête qu’il faut 35 à 40 ans à un Douglas pour atteindre 1 m3, mais chaque m3 supplémentaire s’acquiert en moins de 10 ans et ce jusqu’à 75 ans.

 

  • Stabilité des peuplements et valeur de sauvetage :

Il a été maintes fois prouvé que les GB ont un rôle indéniable dans l’amélioration de la stabilité des peuplements. Et ceci est d’autant plus vrai en structure irrégulière.

Par ailleurs, en cas de chablis, les Gros Bois ont une valeur de sauvetage bien supérieure aux Petits et Moyens Bois.

Tout simplement par le fait que les GB sont, en règle générale, déracinés alors que les PB et BM sont plus facilement cassés, brisés et, par conséquent, difficilement récupérables.

Les tempêtes sont le risque majeur en forêt de résineux. Il est important de mettre le maximum de chance de son côté pour limiter la casse.

 

 

  • Un gain annuel par arbre élevé :

Plus un bois grossi, plus sa valeur au m3 est élevée et plus sa croissance en volume est forte.

Le gain annuel par arbre combine la croissance en volume et l’augmentation du prix unitaire.

Une étude IFN de 2006 démontre que les GB gagnent financièrement de 3 à 5 fois plus que les Bois Moyens.

Pour le Douglas, on peut retenir les ordres de grandeur suivants : pendant qu’un BM gagnera 5€ / an, un GB aura un gain de 10€ / an, et un TGB de 15€ / an.

Là encore, avoir dans sa forêt quelques Gros et Très Gros Bois de qualité assurera au propriétaire un gain annuel intéressant.

Rôle dans le fonctionnement de l’écosystème

De très nombreux travaux démontrent que la présence de GB améliore la biodiversité :

  • Les houppiers des GB sont des hôtes privilégiés pour de nombreux oiseaux (nidification) et insectes (abri…). Leur grand volume de feuillage alimente par ailleurs diverses chaines trophiques ;
  • La quantité de carbone retenue en forêt augmente avec l’âge. De plus, les produits issus de la valorisation des GB sont très largement destinés à des usages en bois d’œuvre. Leur capacité de stockage de carbone est, par conséquent, d’autant plus importante.

Ce n’est plus à démontrer, produire et maintenir une bonne proportion de GB est bénéfique pour l’écosystème forestier !

En Conclusion

Le sylviculteur, pour correctement valoriser son patrimoine boisé, doit connaitre et comprendre la demande des transformateurs pour pouvoir appliquer une sylviculture efficace et rentable.

La structure de la ressource forestière française montre qu’il y aura de toute façon dans les 30 ans à venir, une plus forte quantité de Gros Bois sur le marché. Il convient donc aux scieurs de se préparer à valoriser cette future ressource.

La polémique actuelle sur la production de gros bois de résineux tient au système de production en place aujourd’hui.

Ne doutons pas que les scieurs sauront faire évoluer et moderniser leur outil de transformation pour valoriser une ressource de plus en plus importante.

Espérons enfin, que les sylviculteurs sauront également faire évoluer leur structure de peuplement pour dynamiser le renouvellement de leur patrimoine...

Bibliographie

  • La futaie irrégulière : Théorie et pratique de la sylviculture irrégulière, continue et proche de la nature.
  • Les résineux – Tome III.

Articles

  • Forêt entreprise n° 189, nov. 2009.
  • Forêt entreprise n° 224, sept.-oct. 2015.
  • RDV Techniques n° 39-40 – ONF 2013.
  • Brochure importante et rôle des GB et TGB en France (Prosilva France, Juillet 2012).

 

 

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