Fédération Départementale de Pêche 62...et bien plus encore
Coup de projecteur sur la Fédération du Pas-de-Calais pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique avec les explications de son directeur : Grégory Crowyn.
Elle a vu le jour en 1942, la FDAAPPMA62 (Fédération Départementale des Associations Agréées de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques du Pas-de-Calais) est tout d’abord née d’une volonté d’encadrer la pratique de la pêche sur le territoire. Un loisir qui est très fortement ancré dans le Pas-de-Calais du fait notamment de la proximité de la mer et de son activité de pêche maritime ancestrale. Mais les fleuves côtiers et les rivières qui parcourent le département constituent également de belles « surfaces de jeu » ! Il est intéressant de découvrir que la FDAAPPMA62 va bien plus loin que de l’encadrement de loisirs halieutiques. La Fédération est en effet devenue un établissement à caractère d’utilité publique et une association agréée au titre de la protection de l’environnement. Elle est reconnue aujourd’hui comme un gestionnaire privilégié des milieux aquatiques du territoire. Merci à Grégory Crowyn, directeur de la Fédération Départementale de Pêche 62 de nous partager sa passion des milieux aquatiques tout en nous faisant découvrir l’ampleur des actions mises en oeuvre pour les protéger.
Grégory Crowyn, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis directeur de la FDAAPPMA62 depuis maintenant 7 ans. Je suis à la base ingénieur de recherche à l’Université d’Artois, affilié au CNRS. Ma spécialité étant la recherche dans le domaine de l’environnement, mon profil a intéressé la structure compte tenu des compétences octroyées à la Fédération depuis la Loi LEMA de 2006.
Quelles sont ces compétences ?
La Loi LEMA apporté deux avancées importantes à la législation qui était jusque là en vigueur en matière de politique de l’eau : la reconnaissance du droit à l’eau pour tous et la prise en compte de l’adaptation au changement climatique dans la gestion des ressources en eau. Trois orientations ont modifié les missions de notre fédération de pêche : apporter des outils pour atteindre l’objectif du bon état des eaux, rénover et moderniser l’organisation de la pêche en eau douce.
Nous avons donc été dotés de la compétence de la protection des milieux aquatiques, reconnue d’intérêt public et association agréée au titre de la protection de l’environnement. Depuis 6 ans, la structure est aussi détentrice d’un agrément académique qui lui permet d’intervenir auprès des scolaires.
Quelles sont les missions « classiques » de la Fédération de Pêche ?
Ce sont des missions relatives au loisir de pêche sur le département. Nous coordonnons 75 associations Agréées pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques sur le département pour un total de quelques 25000 adhérents. Notre champ d’action s’étend sur près de 980 km de cours d’eau de 1ère catégorie et environ 270 km de 2eme catégorie. Un cours d’eau est classé de première catégorie lorsque le groupe dominant est constitué de salmonidés (rivières à truites) et de deuxième catégorie lorsque le groupe dominant est constitué de cyprinidés (poissons blancs).
Il faut savoir que lorsqu’un adhérent prend une carte de pêche, la moitié de sa cotisation va être fléchée vers l’Agence de l’Eau qui permet de travailler sur la protection des milieux aquatiques.
Nous gérons également en interne, un réseau de gardes de pêche fédéraux et plus de 110 gardes de pêche particuliers. De véritables sentinelles sur le territoire qui nous aident à agir vite lorsque l’on décèle un problème lié au milieu aquatique.
Promouvoir le loisir pêche, organiser sa pratique, veiller au respect de sa réglementation, informer sur les actions de repeuplement, inciter aux bonnes pratiques, telles sont les missions générales de toute fédération de pêche. Mais nous allons plus loin.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ces missions supplémentaires de la FDAAPPMA62 ?
Ce sont comme évoqué plus haut, les missions relatives à la protection du milieu aquatique. Pour ce faire, nous avons un pôle technique très développé composé d’ingénieurs, de chargés de missions et de techniciens. Selon les périodes et les besoins dans l’année, notre équipe est composée de 12 personnes.
Nous travaillons sur la connaissance des milieux aquatiques « connaitre pour mieux gérer » avec un aspect très opérationnel : études sur espèces, identification. Nous agissons tout en donnant des préconisations à destination des gestionnaires des milieux aquatiques en question (Conservatoire des Espaces Naturels, EDEN 62 qui gèrent toutes les propriétés du département, Les Communautés d’Agglomérations qui possèdent des ouvrages comme les écluses (écluse du Pont Marguet qui est la 1ere écluse à la mer)). Nous pouvons en effet préconiser d’ouvrir les écluses à des heures particulières du soir ou du matin en fonction notamment des marées et à des périodes de migration comme pour l’anguille.
Nous représentons la seule structure aux multiples compétences sur les milieux aquatiques, sur l’habitat et la biodiversité. Nous avons pris ces compétences à bras le corps car nous avons un véritable rôle à jouer. Ce sont des choix forts qui ont été opérés et des moyens ont été alloués en conséquence.
Est-ce que les milieux halieutiques du Pas de Calais ont particulièrement souffert au cours de l’histoire ?
Le département a souffert des aménagements humains au cours de l’histoire. Le passé industriel, les différents bassins miniers, les créations d’industries, l’agriculture intensive, tous ces éléments on modifié les cours d’eau dans le temps. Il y a donc un important travail à mener pour obtenir une bonne qualité d’eau et la préserver. Mais nous avons la chance de posséder des fleuves côtiers riches en population piscicole. Nous comptons ainsi des truites de mer, des saumons Atlantique, des anguilles qui sont des espèces protégées. C’est assez exceptionnel.
Vous utilisez également des techniques innovantes pour préserver ces milieux aquatiques.
Exactement, nous avons mis en place un certain nombre de moyens techniques innovants afin d’aller observer sous l’eau. La caméra subaquatique en est un. Ce système permet de compter les poissons qui passent. Nous avons ainsi pu comptabiliser cette année des truites de mer, des saumons ainsi que des anguilles (espèce vulnérable).
Nous sommes également dotés de drones et d’un bateau d’échantillonnage scientifique. Il n’en existe que deux en France. Il permet ainsi de prélever des poissons pour leur poser des émetteurs sans qu’il ne leur soit fait aucun mal. Puis nous les relâchons et nous pouvons ainsi les suivre pour mieux les protéger.
Nous avons créé des frayères pour brochets et autres espèces et nous mettons tout en place pour que rien ne gène à la circulation et à la migration des espèces. Si c’est nécessaire, nous demandons à modifier certains ouvrages avec notamment des passes à poissons ou des bras de contournements.
Quels sont vos moyens d’agir ?
Nous nous donnons les moyens d’agir en salariant du personnel qualifié. L’Agence de l’Eau Artois Picardie et la Région des Hauts de France subventionnent d’ailleurs une partie de nos postes et certains de nos investissements. Nous menons également une politique d’achat notamment de plans d’eau ou de zones humides afin de les restaurer ces milieux fragiles, les préserver et ensuite appliquer une gestion de la ressource piscicole raisonnée. Mais la pression d’acquisition est de plus en plus grande sur ce type de bien très recherché dans notre département. De nombreux acteurs recherchent en effet des plans d’eau pour les loisirs nautiques, la chasse ...
Nous achetons donc des plans d’eau dès que nous en avons la possibilité et notamment grâce à nos partenaires financiers que sont : la Région Haut de France, l’Agence de l’Eau Artois, la Fédération Nationale de la Pêche, le département 62, de nombreux mécènes et bien sûr l’Europe.
Nous communiquons également via des films documentaires et des expositions pour sensibiliser avec pédagogie sur les raisons de protéger les milieux aquatiques et leur biodiversité.
Loisir et préservation des milieux aquatiques : c’est possible ?
Bien sur ! Nous sommes très attentifs aux zones humides et nous travaillons tant sur la qualité de l’eau, la reproduction des poissons que sur les loisirs liés à la pêche. Les 3 axes sont compatibles sans aucun doute.
Les pêcheurs sont nos principaux donneurs d’alerte, de véritables sentinelles dédiées à la préservation des écosystèmes.