Une passion : la pêche
Truite auvergnate du lac-réservoir de Verrières dans le Cantal
J'ai mordu à l'hameçon dès que j'ai été en âge de marcher et la passion ne m'a jamais quitté.
Les mots viennent du coeur, car la pêche et Jacques Thevenet, c'est une grande histoire d'amour. Du plus loin qu'il s'en souvienne, Jacques a toujours accompagné son père et son grand-père à la pêche. "Ma mère m'accrochait même à un arbre pour ne pas que je vienne à glisser dans l'eau par inadvertance pendant que mon père était occupé à lancer sa ligne!!" se souvient-il sourire aux lèvres. Des souvenirs, il en a plein la tête car la pêche a ponctué son enfance, ses rencontres avec des "aficionados" comme lui.
"J'habitais Chamalières et dans les hauteurs, je me rappelle que je rencontrais les papys qui faisaient leur petit jardin. Je leur montais leurs lignes de pêche car ils allaient régulièrement au Lac d'Aydat pêcher le Gardon. En échange, ils me donnaient du matériel".
Aujourd'hui Jacques Thévenet parcourt le monde à la découverte de poissons plus magiques les uns que les autres. Un seul principe : le No-Kill. En effet, chaque poisson est relâché sans être blessé car il utilise des hameçons sans ardillons. Cette technique de pêche respectueuse de l'environnement permet d'allier plaisir et préservation des milieux naturels.
Depuis quand êtes-vous pêcheur?
J'ai commencé à accompagner des pêcheurs dès l'âge de 3, 4 ans. Mon père était un grand pêcheur, essentiellement de truites mais également de saumons qui étaient en abondance dans les années 60 sur le cours de l'Allier. Il allait régulièrement pêcher dans la Sioule ou le Sioulet, rivières qui se situent dans le département du Puy-de-Dôme mais aussi dans l'Alagnon ou la Santoire dans le Cantal.
Mais j'accompagnais également mon père à la chasse au gibier d'eau comme le canard. Il me portait quand la rivière était trop grosse, on ne laisserait plus les enfants faire celà aujourd'hui!
Pêchez-vous également le saumon?
A l'étranger exclusivement notamment les saumons Pacifique en Colombie Britannique. En effet, il n'y a plus autant de saumons que dans les années 70. A l'époque, on prenait dans les 2000 saumons par an. Pour donner une idée, plus de 300 saumons ont franchi à mi-mai le barrage de Vichy, selon la station de comptage. Mais on ne le pêche plus depuis 1994.
La pêche au saumon dans l'Allier fait partie de l'histoire du département. Le bassin Loire/Allier est en effet le plus important d'Europe en terme de longueur de cours d'eau. Au Moyen-Age, dans les contrats du personnel des châteaux, était stipulé "pas plus de deux repas par semaine à base de saumon". C'est pour dire s'il était en nombre, même si sa finesse n'était pas celle d'aujourd'hui. Il était en effet conservé dans la saumure. En 1973, il y en avait encore beaucoup!
Signalons également sa présence dans des cours d'eau bretons et des gaves pyrénéens.
Quel est votre plus beau souvenir de pêche?
Justement mon premier saumon dans l'Allier, j'avais 18 ans. J'étais très fier de ce très gros spécimen!
Quel type de pêche pratiquez-vous?
La pêche à la mouche. C'est une pratique plus intuitive, moins agressive. Et je pratique le No-Kill sans ardillons ce qui permet de relâcher le poisson indemne.
Je pratique le No-Kill depuis les années 80 et je ne pêche jamais pour manger, ni en France ni à l'étranger.
Vous préférez pêcher en France ou à l'étranger?
Je préfèrerais pêcher en France mais il n'y a plus de poissons, les ressources sont bien épuisées. Le pays qui est le plus propice à mes yeux est la Suède et la région que l'on nomme "la Laponie Suédoise". J'adore admirer les splendides paysages, je suis un vrai contemplatif.
Consommez-vous beaucoup de poissons?
Oui j'apprécie beaucoup mais je veille à ne pas consommer ceux qui sont sur la liste des poissons menacés comme le thon. Le saumon est souvent mauvais car bourré d'antibiotiques. Je porte davantage mes choix vers le merlu (qui n'est pas réputé comme noble mais très bon), le lieu noir, la lotte, les rougets, les poissons de roches... et les poissons d'élevage plus qualitatifs comme l'ombre commun (thymallus thymallus). J'en ai d'ailleurs pêché et relâché un il y a quelques jours. Ou bien l'omble chevalier que l'on trouve encore dans quelques lacs d'Auvergne.
Aimez-vous le préparer?
Oui je pense bien préparer ce met que je préfère cuisiner simplement à la plancha. J'avoue que j'aime également beaucoup la Lotte à l'Américaine.
Avez-vous vos coins de pêche en Auvergne?
J'apprécie beaucoup l'Allier et la Sioule, l'Alagon dans le Cantal mais je connais aussi quelques rivières bretonnes.
Je marche énormément et je contemple les paysages.
C'est la pêche ou vous promener dans la nature que vous préférez?
Les deux! L'avantage de la pêche c'est que l'on est forcément dans la nature!
Que vous apporte ce loisir?
J'aime le principe de la méthode douce : le No-Kill. L'intérêt est uniquement dans le fait de pouvoir leurrer le poisson avec une mouche fabriquée par mes soins naturellement. je ne pêche pas avec des vers ou de la viande, uniquement avec mes propres mouches. J'ai une collection assez impressionnante de mes fabrications.
Fabriquer une mouche, c'est le début de la pêche, les préparatifs sont très importants.
Au delà de tout celà, je me sens en communion avec la nature.
Pêche/chasse?
Je les mets au même niveau. L'avantage de la pêche c'est qu'on peut faire en sorte que celà n'ai pas d'impact sur le milieu. Et pour la chasse, je me transforme peu à peu en chasseur d'images : je me passionne pour la photographie.
Une passion enrichissante
Ma passion m'a permis de découvrir des coins paradisiaques dans le monde entier. Lors de mes voyages pour les reportages photos et articles en vue de l'édition de guides pratiques sur la pêche en mer et en eau douce, j'aime être en phase avec la culture locale, celà remet les choses à leur place. Dans certains pays comme le Mexique, on pêche pour vivre et manger, ce n'est pas une pêche de loisir. Il m'arrive fréquemment de garder le fruit de ma pêche pour les locaux dans les pays où le poisson est l'alimentation de base.
J'adore déguster les poissons préparés en Amérique Latine, ils sont très doués pour les cuisiner!