Entretien avec Olivier Favre « Le Parc Oméga ou le projet d’une vie »

1 mars 2018 écrit par Stéphanie Bonnet

Un Alsacien au Québec ? Olivier Favre l’a été, le temps du voyage, il y a 22 ans maintenant. Rapidement des liens se sont créés, la confiance s’est instaurée sur des bases solides avec des québécois travailleurs, amoureux de leur faune sauvage et de leur flore et il n’a plus été question de pays d’origine.

Olivier Favre s’est glissé en 1996 dans le projet du vaste parc Oméga situé à Montebello, pour en comprendre les clés, les analyser et mettre en valeur ce qui s’impose aujourd’hui comme le parc animalier de référence au Canada. Sur une étendue de plus de 800 ha, ce parc qui accueille la faune et la flore sauvage dans un grand respect des écosystèmes, reçoit 280 000 visiteurs par an.

Retour sur une réussite rêvée mais bien méritée au pays des grands espaces ou rien n’est possible sans la valeur du travail bien fait....

Crédits Photos Paul Simon

 Olivier Favre, vous êtes aujourd’hui l’heureux propriétaire du Parc Oméga situé à Montebello, qu’est-ce qui a amené le chef d’entreprise alsacien au pays des Wapitis ?

Ma carrière a effectivement débuté en Alsace puisque j’ai repris à 23 ans le cabinet d’assurance familial existant depuis 5 générations. A l’époque, j’avais déjà été tenté par l’université de Montréal afin de poursuivre mes études. Mais les affaires n’attendaient pas et j’ai développé l’activité en faisant du cabinet une référence en courtage d’assurance d’entreprises pendant 30 ans.

Je ne regrette rien car c’est ce qui a fait ce que je suis aujourd’hui. Mais à 50 ans j’ai pris la décision d’un grand changement de vie professionnelle. Je n’avais pas d’idée précise mais un point fixe dans mon esprit : ne rien connaître du domaine dans lequel j’investirai et en comprendre les clés. Un véritable défi ! Alors un parc animalier au Québec ? Pourquoi pas !

A 50 ans, j’ai pris la décision d’un grand changement de vie professionnelle...

Une nouvelle aventure aux accents de liberté

Comment les choses ont-elles débuté ? Aviez-vous votre « rêve nord américain » en tête ?

J’étais très attiré par les grands espaces, l’ouverture vers l’aventure et la possibilité d’entreprendre qu’offre le Canada en toute simplicité et avec une grande liberté. Aussi lorsqu’en 1996, mes amis d’enfance, les frères Alexis et Paul Spengler me proposèrent de participer à leur aventure, j’ai foncé. 

L’humilité et l’observation ont été mes « maîtres-mots »

Eux mêmes avaient acheté les lieux qui étaient à l’époque une pourvoirie dans la région de l’Outaouais, au Nord de Montréal, afin de se livrer à leur passion pour la chasse.

Très vite, et en réponse à la demande, ils transformèrent le site en parc animalier destiné à accueillir les espèces d’Amérique du Nord. Je ne connaissais pas le pays, ni les animaux du territoire.

J’ai tout appris des Québécois et j’ai pris le parti de faire confiance au personnel du parc, très compétent et notamment son directeur Alain Massie qui a une excellente connaissance du biotope ainsi que Charles de Reinach, précieux pour ses connaissances forestières et qui m’a efficacement accompagné tout au long de l’aventure.

L’humilité et l’observation ont été mes « maîtres-mots » et j’ai contribué depuis 1996 à développer ce parc qui est devenu une des références Nord Américaine en matière de parc animalier.

Le pari de la rentabilité :  Comment un parc animalier au Québec peut-il faire des bénéfices ?

Le défi était loin d’être gagné en 1996.  A l’époque le parc perdait 300 000 dollars par an et pourtant une voie intérieure me disait qu’il fallait y aller et que cela  marcherait ! Les choses ne se sont pas faites toutes seules, j’ai travaillé « comme les laboureurs » dans une contrée que je ne connaissais pas. Aussi, j’ai observé, écouté, appris du terrain et des Québécois en toute humilité. Le respect des animaux est primordial, ce sont eux qui nous accueillent et non l’inverse.

Lorsque j’ai racheté les parts de mes associés en 2001, j’ai réinvesti la totalité des bénéfices dans les infrastructures du parc, c’était mon deuxième pari sur l’avenir ! J’ai connu des moments de grande solitude : imaginez-vous seul au mois de novembre lorsque le vent souffle dans les forêts du grand nord à la nuit tombée. J’ai parfois été dans cet état d’esprit.

Mais « j’ai bu la vie comme un assoiffé » et aujourd’hui je peux prendre une grande respiration.

Je ne cesse de réfléchir à développer l’offre et c’est important. Le personnel du parc, mon adjoint, sont autant de ressources que j’écoute car elles sont extrêmement professionnelles.

En matière touristique, nous offrons de visiter le parc à pied ou en voiture. Wapitis, orignaux, ours, loups (blancs, noirs, gris…), bisons… sont autant d’espèces qui occupent aujourd’hui les 800 ha.

Une vieille ferme datant de 1949 a été rénovée en 2003 afin d’y installer des animaux d’élevage. Une cabane à sucre permet de faire découvrir le rituel de la fabrication du sirop d’érable.

Et récemment un poste de traite de fourrures avec les Indiens a été construit à l’identique de l’époque des Colons. Le sentier des premières nations et celui dédié à la période des pionniers permet ainsi de retracer l’histoire du pays. Mêler faune, flore, nature, culture et histoire du Québec, tel a été notre objectif depuis près de 20 ans.

Nous permettons également l’hébergement au sein du parc, dans des cabanes, au cœur de la nature. Il n’est pas rare que l’hébergement proposé sur le parc fasse office d’étape sur la route entre Montréal et Ottawa. Et prochainement, il sera possible d’effectuer des visites de nuit !

Notre parc animalier au Québec plait avant tout aux locaux, ce qui est primordial. Avec un ticket moyen de 25 dollars la journée, nous sommes dans le domaine du loisir « populaire » sans connotation péjorative, au contraire.

Ici les relations avec les personnes sont simples et il s’agit d’être dans le vrai. Je suis très fier de ce produit touristique respectueux et en adéquation avec la nature tout en étant dans la dynamique d’investir au Québec.

Quels conseils donneriez-vous à un français qui souhaite investir au Québec ?

On parle de rêve américain mais il ne faut pas rêver à l’européenne.

Au Québec, on n’est pas attaché à des questions de mode ou de marques. Le Québécois recherche des produits simples au bon rapport qualité/prix. Si le parc Oméga situé à Montebello reçoit aujourd’hui 280 000 touristes et qu’il est d’un attrait majeur au Québec, c’est parce qu’il répond à un besoin de nature et d’authenticité et qu’il ne ment pas. Il offre à voir au public des animaux dans leur milieu tout en présentant la culture et l’histoire du pays. Un parc animalier au Québec doit être à la hauteur des exigences !

Je dirais également que les emprunts sont plus compliqués à obtenir dans les banques Canadiennes. Il vaut mieux monter son dossier avec une banque Française, ou mieux, investir au Québec avec du cash, ce qui facilite énormément les transactions.

Par contre, il n’y a pas de lourdeurs administratives. Les règles du jeu sont très simples : « je dis, je mets en œuvre dans les heures qui suivent ». On parle et on agit en temps réel, ce qui procure une efficacité et une puissance de travail extrêmement motivantes. C’est pour cela que monter le projet d’un parc animalier au Québec n’est pas impossible.

Pourquoi est-il avantageux d’investir au Québec ?

Il est indéniable que la terre est moins chère qu’en Europe. De plus, le pays permet d’accéder à de grands espaces où tout est à faire, ce qui est exaltant. Il existe ici une liberté d’actions que l’on ne retrouve pas en France. Il est beaucoup plus facile d’y réaliser ses rêves.

Certaines zones sont toutefois inaccessibles comme la zone verte destinée à l’agriculture. Il s’agira donc de porter son projet sur une zone blanche.

Il existe ici une liberté d’actions que l’on ne retrouve pas en France....de plus, les charges sociales sont également moins élevées

De plus, les charges sociales sont également moins élevées, ce qui permet de faciliter l’embauche. Enfin, les étrangers sont les bienvenus au Québec, on retrouve beaucoup de français déjà installés. Donc oui, il est très avantageux d’investir au Québec !

 

Aujourd’hui vous pouvez affirmer que vous avez réalisé votre rêve ?

Totalement, je dirais même que j’en réalise tous les jours. Le parc Oméga situé à Montebello m’offre la chance extraordinaire d’endosser mes vêtements d’entrepreneur mais à la fois de créateur. Ici on rêve d’une chose et on la réalise, c’est aussi simple que cela ! Je dirais que cette dynamique est propre au Québec qui offre un espace de création au-delà de ses rêves.

Imaginez-vous développer ce modèle de parc dans d’autres pays ?

Il serait effectivement possible de calquer le modèle du Parc Oméga situé à Montebello, dans d’autres contrées mais je préfère travailler méticuleusement le produit que j’ai entre les mains. Nous avons le souci du détail soigné. Aussi, nous faisons par exemple appel à des sculpteurs locaux pour agrémenter nos aménagements. Je suis davantage sur le modèle artisan que sur celui de développeur de franchises. Je préfère investir au Québec.

Le parc Oméga est une sorte de Show Room de la nature Québécoise et j’aime m’employer à le peaufiner en profondeur.

Pour finir, quel est votre rapport à la forêt ?

La forêt est intrinsèque à notre projet de parc animalier au Québec. Dans notre région, elle est particulièrement belle avec ses pins blancs majestueux. J’affectionne cette essence car elle est à la fois imposante et élégante.

Sans la forêt, le parc Oméga situé à Montebello n’aurait pas sa raison d’être. Nous lui devons beaucoup.

 

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