La futaie régulière : un mode d’exploitation forestière prédominant

1 septembre 2018 écrit par Pierre-Louis Fayet

Le choix d'un mode de gestion d'une forêt dépend des enjeux et du résultat souhaité.

Ainsi si la volonté de préservation du paysage prédomine il y aura lieu de favoriser l’irrégularisation d’un peuplement, c'est-à-dire la présence d'arbres d'âges et de diamètres différents, et de supprimer les coupes rases sujettes au bouleversement paysager.

Par contre, si le propriétaire entend commercialiser son bois, il lui faudra recourir à une gestion lui assurant des arbres de qualité pour une meilleure rentabilité.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale les pratiques de gestion des forêts ont été profondément modifiées en raison de la mécanisation de l’industrie et de l’automatisation qui en découle.

La futaie régulière : un mode de gestion sylvicole influencé par l’industrie

Dans le passé les scieries effectuaient des débits sur liste c’est-à-dire conformément à la commande spécifique d’un client (exemple : 2 poutres en 120*240 mm et 4 chevrons en 60* 80 mm).

Aujourd’hui avec la mécanisation des scieries, les grumes sont débitées en série. Seuls 5 ou 6 produits de petites dimensions sont ainsi réalisés ; leur assemblage permettra d’obtenir des grandes longueurs.

Par conséquent dans un souci de gain de temps donc de rentabilité, la préférence des professionnels se porte non plus sur les arbres de grandes dimensions mais sur les arbres homogènes (Ø 45-50 cm pour les résineux).

Pour faire face à cette demande les gestionnaires forestiers ont adapté les techniques d’exploitation pour produire des arbres peu branchus, longs et avec une croissance constante.

 

 

 

De ce fait  le traitement en futaie régulière s'est répandu au fil des années car il permet de produire, dans un cycle relativement cours, des arbres similaires et de même qualité.

Les conditions d'une futaie régulière réussie

Le cycle d’une futaie régulière se décompose en deux étapes : en effet, avant de pouvoir percevoir des revenus d'une forêt arrivée à l'âge adulte, il est nécessaire de réaliser un certain nombre de travaux donc d’investir.

 

LES TRAVAUX consistent tout d’abord à créer le peuplement en plantant de jeunes

arbres âgés d'un ou de deux ans, puis dans les premières années à entretenir ces plants en supprimant la concurrence des autres végétaux comme la ronce et la fougère.

En règle générale, pour une forêt de résineux, la phase des travaux s’étale sur une quinzaine d'années.

 

  • LES COUPES sont pratiquées à l’issue de cette première période permettant ainsi de générer des revenus pour le propriétaire.

Il s’agit d’abattre les arbres les moins beaux afin de conserver et de valoriser les arbres d’avenir. Cette opération a pour but de mettre en lumière ces arbres d’avenir et de favoriser ainsi leur croissance.

La mise en lumière est un élément clé et doit donc être parfaitement dosée. En effet, une luminosité trop faible ralentie la pousse des arbres tandis qu’un excès de clarté peut entraîner des bois trop branchus donc des défauts.

Les coupes de bois s’effectuent à intervalles réguliers jusqu’à la coupe rase (plus aucun arbre sur la parcelle) ou la mise en régénération naturelle (fructification des arbres en place qui donneront naissance au futur peuplement).

Ainsi au final, le gestionnaire forestier aura produit un nombre d’arbres homogènes tant en diamètre qu’en hauteur, et avec le moins de défauts possibles.

 

Le gestionnaire devra adapter ces deux phases de la futaie régulière aux spécificités de chaque forêt : richesse des sols, climat et essence en place. En effet ces facteurs conditionnent la durée nécessaire pour que les arbres atteignent le diamètre d'exploitation recherché par l'industrie et par conséquent le prix de vente maximal que peut espérer le propriétaire.

 Prenons l'exemple de 4 essences aux cycles différents et dont la période d'arrivée à maturité se situe dans les tranches d'âge suivantes :

  • Le peuplier de 15 à 25 ans
  • Le pin maritime de 30 à 50 ans
  • Le douglas de 45 à 70 ans
  • Le chêne de 150 à 180 ans

 Pour une rentabilité optimale, la gestion d’une forêt doit suivre la tendance du marché et s’adapter à la demande en bois des industriels.

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