Pratiquer une éclaircie dans sa forêt
L’éclaircie de sa forêt est un acte de sylviculture courant pratiqué par des bucherons, qu’il est nécessaire d’effectuer pour un certain nombre de raisons.
Pratiquer une éclaircie dans sa forêt consiste à récolter une certaine proportion de bois présents sur une parcelle afin de diminuer la densité de bois par hectare et ainsi favoriser la croissance des autres arbres laissés sur pied. La consigne lors du martelage, est alors de récolter en premier les arbres présentant des défauts importants (comme des branchaisons ou bien encore des fourches...) mais aussi les arbres dépérissants et les dominés.
Les consignes lors du marquage des bois varient quant à elles, suivant les objectifs futurs de gestion du propriétaire. Il peut en effet choisir différentes orientations comme par exemple l’irrégularisation. La futaie irrégulière est aujourd’hui une pratique de sylviculture commune.
Nous appronfondirons dans cet article la différence entre une éclaircie et un dépressage. Les différents modes de vente des bois seront également présentés, comme nous avons pu l’étudier dans de précédents articles du Forest Time.
Les bénéfices de l’éclaircie pour la forêt et le propriétaire
L’éclaircie génère en effet des bénéfices de plusieurs ordres tant pour le propriétaire que pour la forêt.
Un avantage pécuniaire
La vente de bois issus de l’éclaircie génère des revenus dans la plupart des cas. Il est bon de noter toutefois que la première éclaircie ne dégage généralement pas de revenus ou très peu. En effet le diamètre des arbres de cette première coupe intéressera essentiellement pour la fabrication de la pâte à papier ou du bois énergie. Des qualités de bois qui sont peu rémunératrices comparées à des bois destinés à la charpente.
Un avantage sur la croissance des autres arbres
La pousse et le développement des arbres voisins sont meilleurs quand on leur libère de l’espace.
Augmentation de la qualité
Après chaque coupe, la qualité moyenne du peuplement forestier augmente car les arbres « vilains » sont retirés. L’homogénéité est également meilleure et elle attirera plus facilement les acheteurs de bois lors du prochain passage en éclaircie.
Favoriser la diversité des essences
Si cela fait partie des objectifs du propriétaire de la forêt, on peut dès cette coupe d’éclaircie, faire un choix dans les essences que l’on garde. Si on favorise par exemple le sapin par rapport aux hêtres et bien le prélèvement de hêtres sera plus important.
Différence entre une éclaircie et le dépressage
Ces deux activités ont le même objectif, comme cela a pu être évoqué en introduction : diminuer la densité des arbres pour abaisser la concurrence entre eux. On favorise en fait la croissance des plus belles tiges que l’on appelle d’ailleurs les tiges d’avenir.
La seule différence réside dans le fait que l’éclaircie est rémunératrice. Le dépressage quant à lui s’opère sur des arbres non marchands de plus petit diamètre. Ces derniers ne seront pas enlevés par des équipes de bucherons mais resteront à se dégrader sur la parcelle, constituant ainsi de l’humus. La prestation de dépressage est facturée en travaux, au même titre qu’un nettoiement ou qu’une plantation.
Le dépressage a généralement lieu avant la première éclaircie, il n’est cependant pas systématique. Il est conseillé quand la densité est supérieure à 1500 voir 2000 tiges par hectare, à 15 ans.
Les points clés avant de réaliser une éclaircie sur sa propriété forestière
Vérifier
Il est important de vérifier les accès, le futur dépôt des bois ainsi que la distance de débardage. Il est en effet recommandé que cette distance de débardage soit inférieure à 500 mètres afin d’éviter un surcoût pour la mobilité des bois.
Volume mobilisé
Il doit être au minimum de 300 m³ pour des résineux et au minimum de 50 m³ pour les feuillus, notamment le chêne. Les abatteurs et bucherons ont un coût, il ne faut pas les faire déplacer pour rien.
Dans ces volumes, il est important de les classer par qualités afin de former au minimum un camion de bois de chaque. Ce bois sera certainement destiné à fabriquer de la palette, servira de bois de trituration ou permettra de construire des charpentes. A chaque qualité sa fonction.
Dernière coupe
Il est nécessaire de connaitre la date de la dernière coupe de bois. Une rotation de 6 à 12 ans est recommandée. Le nombre d’arbres coupés se détermine en fonction du taux de prélèvement et de la durée entre chaque coupe. Par exemple si on a une rotation de 12 ans, soit la fertilité des sols n'est pas bonne (ce qui limite donc la croissance) soit le taux de prélèvement est important ce qui nécessite une durée plus longue entre chaque coupe.
L’équilibre du peuplement
Il est bon de se demander si le peuplement n’est pas trop vieux pour être éclairci. En effet, lorsque l’on éclairci on génère une instabilité pour les deux prochaines années. Les arbres, notamment lors de grands coups de vent, se tiennent mutuellement. Après la coupe, les arbres ont besoin de développer à nouveau leur système racinaire pour compenser et son plus fragiles. Il faut faire attention au rapport hauteur/diamètre des arbres pour qu’ils se maintiennent debout sans casser. On parle ainsi du rapport H/D.
Comment vendre ses bois?
Plusieurs méthodes de vente sont envisageables :
- A l’unité de produit
- En bloc
- Bord de route / Sur pied
Un article écrit précédemment donnera plus de détail sur des modes de vente des bois.
Orienter les consignes du marquage
Lors du martelage (marquage des arbres à l’aide du marteau forestier ou à la bombe), on oriente la future coupe suivant l’orientation que l’on donne à la future gestion de la forêt.
Si on donne l’orientation de l’irrégularisation, on favorise l'hétérogénéité des classes de diamètres. Ainsi, il faut maintenir la présence de petits bois, de bois moyens et de gros bois sur la parcelle et mettre en lumière les taches de régénération.
Si l'on souhaite pratiquer une régénération naturelle tout en conservant notre gestion en futaie régulière, alors nous réaliserons une coupe d'ensemencement. elle consiste à faire une mise en lumière importante du sol afin de favoriser l'apparition des semis.
Les coupes de bois doivent être souvent être accompagnées de travaux sylvicoles afin d'aboutir au résultat escompté.
Ouverture des cloisonnements
Les cloisonnements facilitent l'exploitation et préservent les sols en limitant le tassement. La pente influence également l'exploitation et donc la disposition des cloisonnements.
Pratiquer une éclaircie dans sa forêt demande analyse et connaissance de la sylviculture. De plus, l’abattage, le débardage est une affaire de professionnels car la pratique peut s’avérer dangereuse pour un novice. Une éclaircie demande également d’avoir une vision de la gestion de sa forêt et l’orientation que l’on souhaite qu’elle prenne. Il est donc conseillé de faire appel à des professionnels qui maitrisent le marquage et la vente des bois.