Papeteries Léon Martin, durable depuis 1895 !

29 juin 2024 écrit par Stéphanie Bonnet

C’est en Ariège et plus précisément dans la commune d’Engomer (à l’ouest du département), dans le Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises, que vous emmène The Forest Time en ce début d’été. Dans ce pays aux racines Gasconnes, non loin de Saint-Girons, l’eau est un élément fort du développement économique de la région. Aussi, au XIXème siècle, les papeteries qui utilisaient la force hydraulique pour faire tourner les moulins à papier, étaient nombreuses dans le secteur. C’est dans ce contexte qu’est née la papeterie Martin, il y a 130 ans. Entreprise familiale qui a su garder le « cap », cette papeterie a traversé les décennies en conservant un savoir-faire ancestral. Elle est aujourd’hui innovante de part son approche environnementale et son développement économique. La parole est à Thomas Martin.

Crédits photos : Raphaël KANN, Maxime BICHAT, Nicolas COUZINIE, m&m luxe

Thomas Martin, quelle est l’histoire de la papeterie Martin ?

Comme vous l’avez rappelé en introduction, notre entreprise familiale a aujourd’hui près de 130 ans. Dans notre secteur d’activité, les entreprises capitalistiques sont plus que majoritaires, ce qui procure à notre PME, une particularité unique en France. Notre capital est 100% familial.

C’est mon arrière grand-père qui a créé les papeteries Léon Martin, il s’appelait Léon, et a donné son nom à l’entreprise. Il a été le premier de la famille à se lancer dans l’aventure du papier.

Dans les années 1860, le bassin d’activité de la région était tourné vers la production de papiers  fins. Les papeteries étaient nombreuses dans le secteur et produisaient essentiellement du papier à cigarette à rouler. L’abondance et la qualité de l’eau dont nous jouissons, constituaient les principales raisons de ce développement. Les moulins à papier étaient alimentés par l’eau qui générait la force motrice pour faire tourner les machines. Petit à petit les moulins ont été remplacés par les papeteries, des industries. La main d’œuvre était locale et qualifiée, l’activité soutenue. Une caractéristique que nous avons gardée aujourd’hui encore.

Soulignons que le département de l’Ariège, en 1910 était classé au premier rang mondial pour la production de papier fin (à cigarettes). On appelle papier fin du papier de 16, 18g en moyenne.

Notre site actuel était historiquement une forge, mon arrière-grand-père l’a achetée aux enchères. Sa vision stratégique du marché l’a mené vers d’autres produits que le papier à cigarettes, mais plus généralement vers la production de papiers fins, ce qui perdure aujourd’hui. C’est un marché de niche !

Ce qui fait notre force aujourd’hui, c’est la pérennité et la stabilité de la papeterie qui apportent une véritable valeur ajoutée à nos produits. 130 après sa création, nous sommes fiers des choix judicieux qui ont été faits pour l’entreprise.

Flexibilité, souplesse et innovation, dans une optique raisonnée et durable, voilà les fondamentaux des Papeteries Martin.

Chaque génération s'est attachée à transmettre les compétences et les techniques traditionnelles, qui ne prennent pas une ride.

Parlez-nous de l’activité des Papeteries Martin

Nous sommes spécialisés dans la fabrication de papier de soie, que l’on appelle également papier mousseline, et de papier crêpé. Ces papiers sont colorés dans la masse pour que la teinture reste dans la fibre. Nous avons un large choix de couleurs qui peuvent être travaillées en pantone spécifique en fonction de la demande de nos clients. Il est possible également de personnaliser nos papiers avec l’impression d’un logo, d’une marque.

Le papier de soie a un toucher et un bruit de froissement particulier, reconnaissable, on sait qu’il y a un cadeau qui se cache derrière. Il est délicat et ne subit aucun traitement sur les deux faces. Il n’excède pas 25g, c’est un papier léger, à forte connotation. Il évoque le côté précieux de ce qu’il entoure.

Déjà en 1895, on produisait le papier mousseline en couleur notamment pour emballer les fruits qui étaient des produits de luxe à l’époque. On se rappelle de l’orange qui était offerte à Noël par exemple ! Des produits rares, fragiles, cueillis proche de la maturité (il n’existait pas les chambres froides).

Aujourd’hui, nos papiers de soie subliment les produits comme les cosmétiques, le textile, la maroquinerie, tous les produits « haut de gamme » et davantage encore. On porte une attention au produit, on le protège, on l’offre dans un bel écrin.

 Est-ce que vous ne produisez que du papier de soie ?

 Comme je vous le disais, nous proposons un produit pour un secteur de niche et le papier de soie permet de répondre aux besoins de plusieurs secteurs d’activité. Nous avons également développé la production de papier crêpé. Sa surface est légèrement rugueuse et il peut aller jusqu’à 60g. Ce papier répond aux besoins d’autres marchés : le textile, l’industrie, l’hygiène, l’agriculture...

 Quelle est votre matière première ?

Jusque dans les années 50, la matière première pour fabriquer le papier de soie était les chiffons. Ce recyclage venait de vieux vêtements, de linges et cordes que l’on faisait pourrir pour en extraire les fibres. Il n’y avait pas de papier recyclé à l’époque.

Aujourd’hui notre matière première vient de deux sources d’approvisionnement :

  • Les recycleurs, qui fournissent la matière issue de poubelles de recyclage, bornes d’apport volontaire dans les communes, les bureaux, les bornes de tri de papier, les chutes de papier chez les imprimeurs... Nous récupérons les fibres qui composent ces papiers et nous les revalorisons.
  • Les fabricants de pâte à papier, qui fournissent de la fibre longue issue d’arbres à croissance lente comme le pin et de la fibre courte avec des arbres à croissance rapide comme le bouleau.
Nous avons deux exigences dans le choix de nos arrivages : la première exigence est la qualité de la fibre, la deuxième est de faire des achats de proximité, le plus proche possible de notre lieu de fabrication.

Quel est le process de fabrication du papier ?

Nous commençons par le raffinage, qui est un traitement mécanique pour obtenir l'hydratation et la fibrillation. La matière première, que ce soit des balles de papier recyclé de ou pâte vierge, est mélangée avec de l’eau dans un pulpeur puis on sépare et on travaille les fibres.

Une fois mise en pâte, la matière première se présente sous forme d’une suspension de fibres cellulosiques dispersées dans l’eau. Elle est ensuite déposée sur une table plate, une toile horizontale sans fin, où les fibres s’entrecroisent en surface et l’eau s’égoutte par gravité.

Le papier passe ensuite dans des presses pour enlever le restant d’eau puis dans une sècherie, composée de cylindres chauffés à la vapeur.

Tout au cours du processus l'eau récupérée et recyclée, nous travaillons quasiment en circuit fermé. Nous restituons 99% de l'eau utilisée dans notre entreprise au milieu naturel.

 

Nous restituons 99% de l’eau utilisée dans notre entreprise au milieu naturel.

La couleur est introduite en amont du procédé pour être fixée dans la masse. Ce procédé n’a aucun impact sur l’environnement. Nous n’utilisons aucune chimie. De même, la matière première est utilisée telle qu’elle est. Nous ne pratiquons pas de désencrage.

L’innovation pour mieux répondre aux besoins du marché ?

Effectivement, nous devons innover pour rester performants et répondre aux demandes spécifiques du marché. Nous avons un laboratoire interne qui met au point des produits et qui effectue les contrôles réglementaires. Nous mettons sans cesse notre matière grise à contribution pour innover, mettre au point des nouveautés.

Dans l’industrie, pour être rentable, il faut produire la même chose sur l’année afin d’augmenter le débit. Nous, nous sortons 60 produits dans le mois. Nous ne cessons de produire des mini séries ce qui nous demande d’ajuster sans cesse nos machines et fait notre particularité.

 Et côté certifications ?

Depuis 20 ans, nous avons la norme Management de la Qualité ISO 9001 et depuis 6 ans la norme Maîtrise de l’Energie ISO 50001.

Nous sommes également labellisés Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) pour notre savoir-faire d’excellence.

Enfin nous avons le label  FSC, 100% de nos fibres sont certifiées issues d’une gestion durable.

Des projets pour l’avenir ?

Très sensibles à la protection de l’environnement, nous avons un projet d’économie circulaire : une chaufferie biomasse bois qui utilise la ressource locale en bois (pelets ou plaquettes). C’est une dernière étape vers la décarbonation  totale de notre site de production.

Nous travaillons depuis plusieurs années sur ce projet avec l’ADEME, la région Occitanie et le FEDER.  Notre nouvelle chaufferie devrait être opérationnelle en 2026.

Une singularité, une authenticité et une identité défendues avec conviction, telles sont les forces de cette papeterie qui tire sa fierté d’une production effectuée 100% sur site pour 100% de valeur ajoutée. La Papeterie Léon Martin a encore de beaux jours devant elle!

Site Internet  : papeteriesmartin.fr

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