Les chasseurs : premiers écologistes de France !

31 octobre 2019 écrit par Stéphanie Bonnet

Crédit photo : Gérald Soligny

Passionné, Benjamin Zimmer, chargé d’affaires cynégétiques pour Forêt Investissement, l’est assurément. En homme de communication et de réseaux, ce chasseur invétéré aime parler de ce qui l’anime avec mesure et professionnalisme car il a fait de la chasse et des connaissances qui l’entourent, son métier. Il nous en parle en toute modestie dans cette Une de novembre car il sait que c’est dame Nature qui donne le ton. Aux hommes d’adapter leurs pratiques et de comprendre ce monde sauvage qui fascine depuis la nuit des temps. Entrons dans l’univers de Benjamin.

Quel est votre rapport à la chasse ?

La chasse est pour moi un mode et un choix de vie. Elle fait partie intégrante de mon quotidien, surtout depuis l’âge de 25 ans où j’ai décidé de reprendre mes études pour vivre de ma passion. Cette pratique m’apporte un équilibre mental et physique et permets de bien mettre les choses à leur place. Je ne me considère pas comme un « sanguinaire épris de gibier ». Il faut sortir de ces idées reçues sur la chasse.

Il faut savoir que la chasse génère une autosuffisance sans provoquer de dérèglement et c’est essentiel. Pour que faune et flore cohabitent et pour que la forêt s’épanouisse, il faut créer un équilibre au niveau des animaux qui doivent être présents dans des quantités justifiées. D’où le Schéma Départemental de Gestion Cynégétique qui est le pendant du Plan Simple de Gestion pour les forestiers.

A mes yeux, la chasse est nécessaire pour réguler.

 

Personnellement je me suis limité dans la chasse des perdreaux et lièvres car on en manque sur le territoire national. C’est pour moi un plaisir de contribuer à un équilibre en chassant le sanglier en surpopulation par exemple.

 

Quelle chasse pratiquez-vous ?

Je chasse « utile » en me concentrant sur les espèces en surnombre : le cervidé, le sanglier, les pigeons ramiers, les canards….

Par principe, je ne chasse pas la bécasse, qui relève d'ailleurs d'une pratique de puriste que je respecte beaucoup. Mais il est à mes yeux un oiseau migrateur à part et tellement beau ! Il migre de façon inversée par rapport aux autres : de l’est à l’ouest et c’est impressionnant !

D’où vient cette passion pour la chasse ?

C’est une curiosité naturelle que j’ai en moi depuis mon adolescence. J’ai suivi mon parrain avec beaucoup d’intérêt et c’est moi qui ai initié mon père qui a passé le permis de chasse en même temps que moi.

C’était écrit, la chasse s’est imposée à moi.

Lorsque j’avais 12 à 13 ans, j’observais les chasseurs au fond de mon jardin avec beaucoup d’attention, leur pratique me fascinait. Et un beau jour, je les ai rejoints, je leur ai posé des questions et ils ont su me répondre en des termes qui m’ont tout de suite emmené dans cette pratique. Ils ont su transmettre. Je pense d’ailleurs que ce monde est mal connu et que les chasseurs devraient faire davantage de communication et de pédagogie.

A partir de 25 ans et par souci d’excellence, j’ai passé quasiment toutes les formations cynégétiques qui existent : tir à l'arc, hygiène et venaison, garde particulier modules 1 et 2, piégeage, chef de ligne, organisateur de chasse, guide de chasse et recherche au sang, premiers soins sur les animaux bléssés (ATHENA), chef de ligne en licences dirigées (ONF), contrôle de gestion du gibier et j’en passe car j’en compte une trentaine à mon actif réalisés auprès de l’ONF, des fédérations de chasses mais aussi dans des organismes privés.

J’ai également repris mes études en suivant un Brevet de Technicien Agricole en Gestion et Aménagement de la Faune Sauvage. Aujourd’hui ma fonction de conseil est primordiale dans mes activités car je connais une grande partie des technicités de la plupart des espèces sauvages.

Quel type de chasse maitrisez-vous ?

Au début, je chassais tout, tel un néophyte, j’ai voulu tout apprendre et surtout essayer de comprendre. Pour pouvoir découvrir et m’ouvrir l’esprit j’ai chassé sur la plupart des départements français. Je tenais avant tout à maitriser la mise en place d’une gestion équilibrée du gibier sur un territoire.

Ma phrase maîtresse au quotidien est : « Toutes les chasses sont belles quand elles sont bien faites » et quand l’ensemble est maitrisé.

Toutes les chasses sont belles quand elles sont bien faites.

Aujourd’hui, comme je le disais, je reste sur des chasses utiles et je les pratique, la traque, l’approche avec Drucken ou poster suivant la saison. Je suis passionné de cynophilie, c'est-à-dire tout ce qui touche aux chiens. Je chasse régulièrement avec mes chiens.

On ne gère bien que ce que l’on connaît bien.

En période estivale, c'est-à-dire du 1er juin à fin septembre, je pratique la chasse à l’affut ou à l’approche ce qui permet de faire un état des lieux des territoires afin de connaitre le gibier existant, les animaux malades, chétifs…. (je donne même des prénoms a certain animaux que je croise régulièrement). On parle de chasse de sélection. Cela n’implique pas spécialement de tirer mais plus d’observer et de lire un territoire de chasse. Cela demande de connaitre parfaitement un biotope, les facteurs climatiques, le vent… Un grand mimétisme est nécessaire afin de sélectionner les animaux et ainsi de connaître parfaitement la population d’un lieu. Je peux les nommer, savoir qui est malade, qui est au plus haut point de sa croissance ou quel animal est vieillissant.

Ces observations peuvent même servir à des études menées au niveau national, nos observations ont souvent été analysées. J’interviens d’ailleurs sur du panneautage à Chambord, qui consiste à attraper les cerfs au filet pour des études. Ils sont ensuite relâchés.

la traque

Cette chasse se pratique en période d’ouverture, avec des chiens qui poussent le gibier aux chasseurs postés. Le but est de prélever des animaux par les tireurs a la ligne, ce qui interviens lors de battues dans un sens de gestion ou de régulation. Être traqueur avec ses chiens est un acte de chasse qui nécessite impérativement un permis de chasse, j’ai moi-même une petite meute de 7 chiens.

Les chiens de sang

Lire un Chien de sang, qu’est-ce que cela signifie ?

Un chien de sang ou chien de rouge est utilisé souvent après la chasse, mais aussi après une collision routière par exemple, afin de retrouver un animal blessé et ainsi abréger ses souffrances. Il existe des formations particulière pour le couple : conducteur/chien (souvent un rouge de Bavière ou de Hanovre, teckels  mais beaucoup de races  peuvent être formés).

Le principe est de partir à la recherche d’un animal blessé sur l’Anschluss (zone ou l’animal e été blessé ). Le chien est mis sur la voie de l’animal. Si ce dernier est mort, il faut ramasser la bête, s’il est blessé commence une recherche. Uniquement si l’animal est rattrapé, le chien se met aux « aboies » face à lui et c’est au conducteur d’abréger ses souffrances. L’objectif est d’être bref afin d’écourter la douleur. Achever un animal mortellement blessé n est juridiquement pas considéré comme un acte de chasse.

La devise du chien de sang est : jusqu’au bout.

Cette pratique est bavaroise, les pays de l’Est sont précurseurs en gestion cynégétique. Lire un chien de sang demande une symbiose entre l’animal et son maître, ce qui est passionnant. Le chien donne la voie et use de stratégies, la lecture du chien se pratique par le conducteur. J’ai découvert cela en faisant le tour de France depuis mes 25 ans que je suis sur beaucoup de terrains de chasse.

J’ai suivi des chiens de sang au domaine présidentiel de Rambouillet lorsque j’y exerçais. J’ai le diplôme mais le plus important est celui du chien et malheureusement mon dernier chien de sang m’a quitté il y a quelques mois et cela demande du temps de former un nouveau couple. Nous avons décidé avec mon beau fils de 13 ans Lucas que j'appelle Raboliot (conf : Maurice Genevoix Raboliot ) et qui me suis dans la plupart de mes sorties cynégétiques, de prendre un jeune rouge chacun et donc je me remets en selle pour pouvoir essayer de repartir en recherche des la saison prochaine.

Et la pêche dans tout cela ?

Je m’y intéresse mais beaucoup moins que la chasse. On n’a pas le même rapport aux animaux, il est difficile de quantifier. J’y porte moins d’intérêt et surtout je n’ai plus le temps !

En résumé, c’est quoi un chasseur ?

 Un chasseur est avant tout un observateur avant d’être un tireur.

Son rôle est de protéger et il reste le meilleur indicateur en termes de faune et de flore. Je revendique le fait que les chasseurs sont les premiers écologistes de France. La chasse fait partie intégrante de la forêt et des écosystèmes elle contribue à son équilibre agro-sylvo-cynégétique. L’agriculture, pour bénéficier de ses plantations, doit voir le gibier régulé afin d’éviter les dégâts dans les champs. La forêt a besoin des animaux et les animaux de la forêt, on peut considérer cela comme du mutualisme, voir une symbiose.

La chasse dépend de cet équilibre et y contribue, c’est la base et la philosophie de ma pratique.

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