Ecole Forestière de Meymac
Se former aux métiers de la forêt : une voie que l’on prend avec conviction en 2024 ! The Forest Time vous emmène en Corrèze, au cœur du massif très boisé du Plateau de Millevaches pour découvrir les enseignements de l’Ecole Forestière de Meymac.
C’est Sabrina Sinniger qui nous guide dans les formations proposées au sein de l’Ecole Forestière de Meymac. Cette dernière est composée d’un lycée forestier avec des formations allant de la troisième à la Licence Professionnelle et d’une antenne du Centre de Formation Professionnelle pour Adultes comprenant, entre autres, un atelier technologique dédié au machinisme forestier qui permet de s’exercer « grandeur nature » au maniement des outils et engins. Depuis 14 ans professeur au lycée forestier de Meymac et enseignante dans le domaine de la forêt depuis 17 ans, Sabrina Sinniger forme de jeunes élèves et des adultes aux techniques forestières et à l’aménagement forestier. Transmission quand tu nous tiens !
Sabrina Sinniger, quel est votre public et en quoi consiste votre enseignement ?
J’enseigne principalement auprès des BTS qui se préparent à être des gestionnaires forestiers. C’est un métier qui requiert beaucoup de polyvalence et des compétences très larges. On doit maitriser à la fois :
- Le diagnostic stationnel : connaitre les sols, le climat, la botanique. Il est impératif d’étudier le support sur lequel poussent les arbres,
- la conduite de peuplement. Quel traitement sylvicole pour les arbres ?
- Les conditions de mobilisation et de valorisation des bois ce qui implique de connaître les techniques de cubage, la qualité des bois mais aussi quels engins utiliser (avoir de bonnes connaissances en machinisme).
- Le volet réglementaire des différentes politiques forestières. Connaitre le cadre juridique et réglementaire permet de rédiger documents de gestion et Plans Simple de Gestion. La question de la gestion durable des forêts est primordiale.
- La cartographie afin de repérer aisément les peuplements.
On le constate, un gestionnaire forestier doit maîtriser un grand nombre de compétences tout en étant très polyvalent.
Quels niveaux de formations sont proposés au lycée forestier de Meymac ?
Ils sont larges car nous allons de la troisième à la licence professionnelle en passant par le Bac Pro Forêt ou bien encore les BTS qui sont au nombre de 4 :
- BTS Gestion Forestière en 1 an à condition que l’on ait un bac + 2. C’est le BTS de gestion de la filière forêt-bois (gestion de l’aménagement des forêts, la mobilisation des bois et l’approvisionnement des unités de transformation).
- Le même BTS Gestion Forestière mais en apprentissage sur 2 ans. La formation en alternance intéresse beaucoup et permet d’avoir un pied sur le terrain très régulièrement. Il faut avoir un bac général, technologique ou pro et avoir un contrat d’apprentissage signé avec une entreprise.
- Le même BTS en voie scolaire sur 2 ans.
- Le BTS Technico-Commercial qui forme des techniciens qui ont pour mission de commercialiser les produits de la filière bois. Une formation qui suit l’évolution et les innovations des métiers du secteur.
Autant de possibilités de travailler dans la filière forêt-bois car un grand nombre de métiers en découlent. Nos étudiants n’ont en général pas de mal à trouver du travail à l’issue de nos formation, le taux d’insertion est de l’ordre de 80%.
Est-ce que vous avez remarqué une évolution dans la demande des apprenants
Il est vrai que depuis 4 à 5 ans, la demande pour entrer dans nos filières est exponentielle. Nous avons d’ailleurs ouvert une deuxième classe en BTS Gestion Forestière. Nous comptons 320 élèves venus de la France entière et même de l’étranger car nous accueillons des italiens, africains...Tout le village vit au rythme de l’Ecole Forestière qui existe depuis 1951. Au début, c’était une école de reboisement. C’est Edgar Pisani, en parallèle de la réforme agricole des années 60, qui a initié de type d’école.
J’interviens auprès des apprenants au Centre de Formation pour adultes qui lui-même forme à tous les métiers de la forêt : bûcherons, élagueurs... On voit beaucoup de personnes en reconversion professionnelle qui viennent se former après 40 ans. Elles ont souvent un Bac + 2 et peuvent alors suivre le BTS Gestion Forestière en un an.
Les jeunes publics ressentent une forme d’urgence et sont prêts à venir de loin pour se former. On sait qu’il y a en toile de fond les préoccupations profondes sur le réchauffement climatique. Nous répondons concrètement à ces questionnements en faisant évoluer nos enseignements.
De quelle manière évolue votre enseignement ?
Notre fil rouge est bien évidemment le réchauffement climatique. Nous allons vers de l’inédit et l’on doit apprendre à se projeter. Quelles essences choisir pour demain ?
Aujourd’hui on apprend demain
Nous travaillons en partenariat avec le Centre National de la Propriété Forestière et l’Institut pour le Développement Forestier, un service de recherche et de développement sur la forêt. Nous utilisons l’application BioClimSol. Nous apprenons nous aussi au quotidien. Nous affinons nos connaissances sur les essences et l’impact climatique sur leur choix.
Le traitement irrégulier, la pratique du couvert continu sont devenus d’autres voies pour le traitement sylvicole.
Nous mobilisons toute la matière grise possible en accentuant la préservation de milieux remarquables et les écosystèmes qui entourent les forêts : tourbières, rivières, milieux humides...
A noter : nous avons un projet de BACHELOR en lien avec Bordeaux Sup Agro « Gérer la forêt de demain » avec l’enseignement de techniques forestières plus alternatives, des solutions différentes et un volet communication/gestion de projets.
Tout un programme !