Les Lagunes des Landes
Il en existe 2000 sur le plateau des Landes de Gascogne et pas moins de mille sur la zone du Parc Natura 2000, les lagunes représentent un milieu naturel très ancien et emblématique situé dans le département de la Gironde.
Terme issu du gascon lagua qui signifie flaque d’eau, les lagunes sont des mares de forme circulaire créées naturellement il y a des milliers d’années. Des études ont révélé l’origine éolienne de nombreuses lagunes creusées par l’érosion du vent.
Loin de l’idée de l’étendue d’eau marine comme on peut en voir partout dans le monde, la lagune est donc un petit plan d’eau constitué en réseau particulièrement dense au niveau des interfluves entre bassins versants. Ces particularités paysagères constituent des milieux naturels les plus emblématiques de Gascogne.
Au-delà de l’intérêt paysagé essentiel, les lagunes sont aujourd’hui une source importante de biodiversité animale et végétale.
Parsemées dans le massif des Landes de Gascogne, ce sont les milieux naturels que l’on retrouve essentiellement sur le département de la Gironde. Souvent temporaires, ces points d’eau dépendent du niveau de la nappe phréatique. Le « battement » de la nappe oscille en fonction des fortes précipitations de l’automne et de l’hiver et des fortes chaleurs de l’été. Ce sont de véritables indicateurs du niveau d’eau en sous-sol pour les sylviculteurs.
Sylviculture et Lagune
Pour beaucoup de landais, en particulier les forestiers, les lagunes sont considérées comme un élément à la fois naturel et culturel fort, véritablement identitaire du massif des landes de Gascogne.
Il est important de souligner que la gestion forestière du massif de pins maritimes est compatible avec la préservation des lagunes. La croissance du pin maritime est en effet conditionnée par la ressource en eau et notamment par le maintien du battement naturel de la nappe.
De plus, le bon état phytosanitaire d’un massif est favorisé par la présence d’une biodiversité importante au sein de parcelles forestières.
La gestion forestière, lorsqu’elle est certifiée PEFC, implique la mise en oeuvre de pratiques qui permettent la conservation des lagunes par l’application du code de pratiques de gestion durable.
Les lagunes participent véritablement à l’identité forestière des Landes. Elles sont disséminées dans la forêt cultivée, certes ouverte à la visite mais essentiellement privée. Un certain nombre de sites s’ouvrent tout de même à la visite : les lagunes de Saint-Magne, à Louchat sur l’espace naturel sensible du Gat Mort, à Brocas ainsi qu’à Arue sur l’espace naturel sensible de Nabias.
La bonne santé et la croissance des pins maritimes est déterminée par les ressources en eau qu’offrent les sols et donc de la nappe phréatique mais également par un bon état phytosanitaire du massif.
Tous ces éléments sont indirectement liés aux lagunes, témoins de l’état des nappes mais également générateur de biodiversité indispensable au bon maintien de l’état de santé du massif.
La gestion appliquée au massif va permettre de favoriser la conservation des lagunes en limitant ou en évitant certaines actions. Des zones de périmètre immédiat (centre des lagunes) et de périmètre rapproché (zone tampon autour des lagunes) peuvent être définies pour proscrire toute intervention sylvicole et passage d’engin.
Les Lagunes, source de biodiversité
Ces points d’eau que constituent les lagunes sont des milieux extraordinaires dans lesquels on retrouve de nombreuses espèces animales et végétales qui y prospèrent car elles y trouvent les conditions nécessaires à leur maintien. Avec entre autres :
- La rainette ibérique
- La libellule : on recense une trentaine d’espèces sur ces lagunes
La végétation des lagunes respecte une disposition précise :
- Les plantes aquatiques comme le nénuphar au centre des lagunes
- Les plantes amphibies
- La molinie en limite de lagune juste avant la forêt. Comme une barrière pour laisser place aux pins et à la sylviculture.
Ces lieux magiques apportent une diversité extraordinaire au massif des Landes de Gascogne et contribuent au charme de cette forêt.
De nombreuses préconisations de gestion des lagunes sont mises en place afin de les protéger. Il est ainsi important de conserver des milieux non boisés. Aussi, la sylviculture dans les landes demande de connaitre parfaitement son territoire et de tenir compte de tous les équilibres à préserver. Les drainages sont à mettre en place avec parcimonie car il ne faut pas agir sur le fonctionnement hydraulique de la nappe d’eau superficielle. Il s’agit de conserver le battement annuel aux abords du site naturel. Il faut bien évidemment également éviter tout dépôt risquant de combler les lagunes. Les conséquences sont irréversibles. Aussi, laisser les rémanents sur place est préconisé. Ils profitent tant à la lagune qu’à la forêt.
Il est bon de savoir enfin que les feuillus ne sont pas conseillés à proximité des lagunes.
Les feuilles mortes des feuillus en effet, peuvent tomber dans les lagunes et ainsi modifier profondément leur qualité physico-chimiques. Le pin maritime reste l’essence préconisée dans le secteur.
Les lagunes sont aujourd’hui au cœur de l’attention des différents acteurs de la forêt des Landes de Gascogne. Elles sont extrêmement protégées et surveillées car leur équilibre peut-être très facilement perturbé. La forêt landaise peut s’accorder à la vie et à la biodiversité des lagunes, il s’agit en revanche de tenir compte de cette particularité ancestrale du territoire de Gascogne et d’en connaitre son fonctionnement pour mieux la protéger.