La mécanisation forestière : coupe de bois et engins

31 mars 2023 écrit par Pierre-Louis Fayet

Zoom sur l’exploitation forestière qui permet la coupe de bois nécessaire à nos usages, une pratique assistée par un certain nombre d’engins forestiers encore méconnus.

La coupe de bois fait partie du bon fonctionnement de la gestion forestière. Il s’agit en fait d’un aboutissement de plusieurs décennies de travail réalisé par les forestiers et les propriétaires de forêts. C’est le temps de la récolte, le moment où il faut couper des arbres pour produire du bois. Selon le mode de gestion sylvicole pratiquée, on coupera ces arbres suivant différents critères : taille, diamètre du tronc, qualité de l’arbre, âge…C’est parfois, en effet, le moment de couper les plus vieux et ainsi enraciner l’avenir.

C’est le bûcheron, cet ouvrier forestier dont le métier parle à tous car il existe depuis des siècles, qui seul, s’occupait jusqu’à il y a peu, des travaux de coupe de bois en vue de sa vente. Il travaillait à l’aide d’outils manuels (tronçonneuse, coins, masse) pour réaliser : l’abattage, l’ébranchage, le tronçonnage. Aujourd’hui, la mécanisation a pris le relai sur la plupart des chantiers et le conducteur d’engins forestier travaille dans la même optique. Il obéit à des consignes données par le gestionnaire forestier qui désigne les arbres à prélever et qui laisseront la place aux plus jeunes et vigoureux pour profiter davantage de cette précieuse lumière, on parle d’éclaircie en forêt. Effectuer une coupe de bois en forêt diminue la densité d’arbres et ainsi la masse combustible, on limite les risques d’incendie, on répartit également la quantité d’eau disponible nécessaire à la vie de la forêt et de son écosystème. Une intervention essentielle pour conserver une forêt vigoureuse, saine, productive et vivante.

Dans cet article du Forest Time, nous reviendrons plus en détail sur la mécanisation de la forêt, les raisons de l’exploitation forestière et nous parlerons de ces fameux engins qui animent la forêt à certains moments de l’année.

Une mécanisation forestière récente

La mécanisation en forêt existe depuis moins de 25 ans. Avant les années 2000, tous les travaux forestiers étaient réalisés manuellement grâce aux bucherons. Aujourd’hui, la mécanisation forestière est indispensable au vu des difficultés croissantes de recrutement de main d’œuvre pour toutes les opérations forestières. De plus, ces engins forestiers, que nous présenterons un peu plus loin dans l’article, permettent un gain de temps certain du fait de leur capacité à couper, débarder, déplacer le bois sur de longues distances. Les machines qui travaillent en forêt permettent enfin, et ce n’est pas la moindre des raisons de leur existence, d’assurer une plus grande sécurité de travail pour les bûcherons.

Répondre à la demande

La mécanisation forestière augmente la cadence de travail. Aussi, elle permet d’augmenter le volume de bois mobilisé et donc de produire davantage. On répond ainsi à la demande des scieries et donc des consommateurs. Rappelons les usages quotidiens du bois tant dans la construction (charpentes, ossatures bois..) que dans l’ameublement (mobilier..) ou bien encore pour le bois de palettes que l’on voit tous les jours dans les différents entrepôts. La demande de bois de chauffage, granulés, compte tenu de la crise énergétique que l’on connait depuis la guerre en Ukraine, ne cesse d’être également croissante.

A noter que les coupes sont encadrées juridiquement par le code forestier et la nature oriente aussi le délai entre les interventions. De manière générale, les exploitations ont lieu dans un peuplement tous les 7 à 12 ans, cette rotation prend en compte la croissance naturelle de la forêt en fonction de sa situation géographique, de la richesse du sol, des essences, du climat local…

Réduire la pénibilité du travail

La mécanisation forestière facilite le travail des hommes et des femmes qui travaillent en forêt. Le métier de bûcheron est en effet classé parmi les plus dangereux. Aujourd’hui, manipuler des engins demande une solide formation et des connaissances de terrain, de mécaniques… Ces derniers permettent toutefois de sécuriser le travail (protégé dans une cabine, du bruit, des chutes de branches et des intempéries). La machine augmente le confort via l’ergonomie du poste de travail et la suppression de la manipulation manuelle de charge lourde.

Des emplois locaux assurés

La mécanisation forestière implique une véritable activité économique en milieu rurale sur un large bassin d’emploi. On produit davantage et de manière structurée, ce qui permet d’alimenter les scieries de manière régulière et donc de générer de l’emploi stable sur un large périmètre. Le métier de bucherons a donc évolué, on parle davantage de conducteurs d’engins d’exploitation forestière. L’emploi lié à la mécanisation forestière, direct ou indirect a donc augmenté : transport, logistique, travail en scierie, acheteur de bois.

Un métier qui comprend de grands enjeux financiers : les machines représentent de lourds investissements sur plusieurs années et représentent bien souvent plusieurs millions d’euros.

Pourquoi l’exploitation forestière ?

La coupe de bois nous offre la possibilité d’utiliser une matière naturelle, locale et écologique pour nos usages quotidiens : toitures, parquets, papier, palettes de manutention, meubles, bois massif, granulés de bois…Cette matière noble limite l’utilisation du plastique ou du béton (des matériaux moins écologiques), on favorise grâce au bois, une économie durable et non délocalisable de nos campagnes.

Carbone

Le bois permet de stocker durablement le carbone, en forêt d’une part et dans notre quotidien. En effet, les forêts, y compris à l’échelle de la planète, constituent le principal puits de carbone. Il s’avère que le secteur forestier représente 56% des compensations carbone, à l’échelle mondiale on en est à 8 milliards de tonnes par an 

N’oublions pas, à titre d’exemple, qu’une charpente de maison ou de bâtiment peut stocker du carbone au moins pendant 40 ans !

Le bois est considéré et reconnu comme un matériau renouvelable qui consomme peu d’énergie pour sa transformation.

La forêt absorbe et stocke le CO2, ce qui lui permet de contribuer à la réduction de l’effet de serre et d’agir face au dérèglement climatique.

Ainsi une forêt bien gérée donc nécessaire exploitée stock d’avantage de carbone.

Les engins qui travaillent en forêt

L’abatteuse

L’abatteuse est un type de véhicule, à roues ou à chenille qui remplace le bûcheron sur la plupart des chantiers. Cette machine est utilisée dans les opérations de coupes. Elle saisit l’arbre, le coupe, l’ébranche et le billonne.

Billonner c’est tronçonner l’arbre aux dimensions nécessaires pour la scierie.

Le débardage

Le débardage demande d’utiliser des engins de manutention à câbles ou équipés d’un grappin servant à acheminer le bois de la parcelle jusqu’au bord de la route pour être ensuite transporté en camion jusqu’aux usines de transformation du bois : scieries, papeteries...

Deux types d’engins forestiers se distinguent :

  • Le porteur (engin à grue)

Il sert à pratiquer le débardage pour du bois de petite dimension : 2 à 6m. On parle alors de billons.

  • Le débusqueur ou skidder

Il pratique la même activité mais pour du bois de plus grande longueur (au delà de 6m) : il sort des grumes de la forêt.  Il s’agit d’un engin forestier muni d’une pince et ou d’un câble.

Il est courant de voir ces 3 machines : abatteuse, porteur, débusqueur évoluer sur un même chantier car chacun d’eux a sa spécialité. Ils permettent d’effectuer un tri en fonction des qualités du bois depuis la forêt. On envoie ensuite le produit directement à la bonne usine qui le valorisera au mieux.

De nombreux indices montrent que la forêt est exploitée : passage d’engins sur les chemins forestiers, bruit de machines.... Des panneaux de signalisation sont placés afin d’avertir  et sensibiliser le public sur les risques et les raisons de ce chantier, il est indispensable d’en tenir compte lorsque l’on se promène. En effet, on n’est pas à l’abri de chutes de branches.

Les piles de bois témoignent également d’un chantier en cours.

Visuellement peu agréables, les chantiers forestiers sont indispensables à la bonne gestion forestière de la forêt, de l’environnement et à toute l’économie de la filière forêt/bois. Mobiliser cette ressource française nous permet d’avoir un cadre de vie chaleureux une fois chez soi grâce à ce matériau contemporain et naturel.

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