La Corse : une région forestière à part entière
De la forêt du Verghellu à celle du Bonifatu en passant par les forêts d’Ersa, d’Aïtone, de Bavella ou bien encore de Tartagine, sans oublier la forêt de Pinia, de Marmano ou bien encore celle de l’Ospedale, la Corse abrite des massifs remarquables, sur l’ensemble de son territoire.
Région extrêmement touristique notamment l’été, connue pour ses plages de sable fin et ses eaux turquoises, la Corse sait jouer des contrastes de couleurs en laissant la forêt se développer au cœur de ce paysage insulaire. Ile forestière de renom, cette région ne laisse pas insensible les randonneurs qui parcourent inlassablement ses chemins au dénivelé parfois vertigineux !
La région forestière de la Corse : la plus boisée de France
Sur les 872 608 ha de surface de la région, la forêt en Corse en couvre 507 000 ha répartis sur l’ensemble de son territoire. Avec un taux de boisement de 58%, l’île est couverte de forêts à la fois privées et publiques qui se répartissent entre les deux départements que sont la Corse du Sud (67% de taux de boisement) et la Haute-Corse avec 50% de taux de boisement, ce qui est largement supérieur à la moyenne nationale.
Des atouts pour le développement d'une forêt de qualité
Avec un climat de type méditerranéen, on retrouve des essences méridionales, mais le climat montagnard en altitude, au centre du territoire, laisse la place aux résineux et aux hêtres dans les belles forêts publiques comme celle d’Aïtone, Valdu-Niellu, Asco, de Vizzavona ou bien encore celle de Sorba-Marmano.
Ici, l’ensoleillement, la forte luminosité, la sécheresse estivale, couplés aux pluies de l’automne et du printemps sont des facteurs très positifs pour le développement des arbres. Très arrosée, l’île jouit de températures moyennes allant de 15° jusqu’à 300m et 1,5° en altitude.
Malgré sa position de leader en termes de boisements, la région forestière de la Corse n’est pas la mieux exploitée de France. En effet, les difficultés d’accès limitent grandement la pénétration d’engins d’exploitation dans les parcelles.
Ainsi, la filière bois est peu développée, la faible industrialisation ne permet pas de générer beaucoup d’emplois et l’exploitation de chênes liège ou bien encore de châtaigniers restent du domaine traditionnel familial.
La suberaie (exploitation de chênes liège) sur laquelle reposait autrefois un secteur économique important, est aujourd’hui en grande partie délaissée par ses propriétaires faute de débouchés.
La forêt en Corse reprend du terrain ces dernières années, du fait du recul de l’agriculture, mais comme nous pouvons en faire le constat, elle n’est pas mieux exploitée. La Corse est une région escarpée et les belles plantations de pin laricio par exemple, se trouvent à des altitudes qui ne permettent pas aisément leur exploitation.
Mais il est bon de savoir que les forêts de montagne ont un rôle très important à jouer pour la stabilité des sols et le maintien du régime des eaux. Les futaies résineuses d’altitude à pin Laricio offrent un couvert remarquable qu’il est appréciable de visiter pendant les chaudes journées d’été.
Le feuillu domine dans la région forestière de la Corse
Le feuillu représente l’essence principale dans la région forestière de la Corse. On le trouve sur 79% de la surface de la forêt de production. Le chêne vert reste l’essence dominante, avec le hêtre y compris en altitude. Le chêne liège est historique, tout comme le châtaignier que l’on retrouve exclusivement en Castagniccia.
Le châtaignier en forêt privée s’étend sur 20 000 ha répartis sur l’ensemble de la Corse. Il représente la 4ème essence forestière de l’île.
Les feuillus se concentrent en bordure de mer et à basse altitude. On compte quelques forêts feuillues de montagne (hêtraies et châtaigneraies).
En montagne centrale, on trouvera ainsi du pin laricio, du sapin et du hêtre. En bas-maquis le chêne vert se mêle aux autres essences Corses. Le chêne-liège est quant à lui concentré dans la région de Porto-Vecchio.
Les futaies résineuses d’altitude sont essentiellement composées de Pins Laricio. Les forêts résineuses de plaine ou de basse colline, moins nombreuses sont composées de pins maritimes.
Malgré les feux qui ravagent régulièrement la région forestière de Corse, la forêt de production ne cesse de progresser. On constate une augmentation de 26% de la forêt Corse de production entre 1988 et l’inventaire forestier de 2004. Les boisements naturels sont essentiellement composés de feuillus : chêne vert et chêne liège.
Le repli des activités agricoles et pastorales ainsi que le développement d’élevages extensifs contribuent à cette croissance de la forêt.
Etat des lieux de la forêt privée en Corse
La forêt privée est historiquement à basse altitude dans la région forestière de la Corse. La répartition : altitude/basse altitude s’explique par l’histoire. En effet, souhaitant doter la Corse d’une flotte conséquente et remarquable, Pasquale Paoli (chef de file Corse du XVIIIème siècle) exploita des peuplements de pin laricio dont les troncs grands et droits étaient parfaitement appropriés à la construction navale. Ces forêts d’altitude dans lesquels se trouvaient les pins laricio, devinrent publiques lors du rattachement de la Corse à la France.
Aussi, l’ONF gère 31 forêts territoriales, 131 forêts communales, le massif de Pinia qui appartient au conservatoire du littoral ainsi que la forêt départementale de Conca. 27% des massifs forestiers de l’île sont ainsi gérés publiquement. Ils comprennent les riches futaies de pin laricio.
Quant à la forêt privée Corse, elle s’étend sur 405 000 ha soit 80% de la superficie forestière de l’île. Sur ces 405 000 ha, la forêt de production représente 398 000 ha soit 79% de la superficie forestière.
Les essences Corses de production prépondérantes restent le chêne vert, le pin maritime, le pin laricio (essence de base de l’activité de la filière bois d’œuvre), le hêtre, le chêne liège ainsi que le châtaignier.
Le châtaignier en forêt privée :
Il représente environ 20 000 ha. Il s’agit de la 4ème essence forestière de l’île. La majorité des peuplements se trouvent en Haute-Corse, dans la micro-région de Castaginccia (9000 ha).
Le chêne vert en forêt privée :
Essence Corse dominante en forêt privée, le chêne vert est principalement exploité pour le bois de chauffage et peut être valorisé pour les parquets.
Le chêne liège :
Une exploitation qui est en baisse et qui est maintenue dans des propriétés familiales ayant à cœur de maintenir la tradition.
La forêt privée Corse, très morcelée est assez difficile d’exploitation. 69 000 propriétaires se partagent 108 000 ha avec des propriétés comprises entre 1 et 10ha. Le morcellement et les cas d’indivision rendent ainsi l’exploitation limitée.
La forêt en Corse occupe une grande partie du paysage et contribue à sa beauté. Les grandes forêts publiques font l’objet de toutes les attentions car elles sont remarquables et abritent une grande diversité biologique et écologique. Le tourisme qui s’est développé autour tient compte de cette nécessité de protection. Difficilement exploitable, la forêt de la région forestière de la Corse n’en n’est pas moins spectaculaire car préservée.