Le massif forestier du Morvan : Entre exploitation et développement touristique
Le Morvan constitue une véritable région naturelle comprise entre le plateau nivernais et les plateaux calcaires bourguignons. On se plait à le nommer « promontoire du Massif Central ». Petite montagne granitique au milieu des terrains sédimentaires, le Morvan relie les villes de Château-Chinon, Autun, Saulieu, Avallon et Lormes. La région forestière du Morvan est densément boisée. Elle recouvre 256 700 ha dont 48% de forêts en constante progression depuis les années 1950, période durant laquelle le Fond Forestier National a été très actif en matière d’aide à la reforestation.
Vaste territoire qui correspond à quelque chose près au Parc Naturel du Morvan, le massif forestier du Morvan fait l’objet de toutes les attentions. Ses essences résineuses et feuillues sont convoitées d’un point de vue économique sous l’œil de la Charte forestière du Morvan.
De tout temps modelée par la main de l’homme, la forêt Morvandelle est aujourd’hui un atout économique tant d’un point de vue forestier que touristique pour toute une région.
Mais l’emploi et l’activité générés doivent impérativement s’inscrire dans une démarche environnementale et sociétale.
Le Parc Naturel Régional du Morvan œuvre pour relever le défi de la compétitivité et de la valorisation des produits forestiers tout en avançant des réponses aux impératifs environnementaux.
Présentation de la forêt morvandelle
Le Morvan (anciennement Morvand) est un massif de basse montagne situé en Bourgogne-Franche-Comté, aux confins de la Côte-d’Or, de la Nièvre, de la Saône-et-Loire et de l’Yonne. Petite montagne granitique dont l’altitude varie entre 300 et 900 mètres, le Morvan a été formé il y a 300 millions d’années.
Créé en 1970, le Parc Naturel Régional du Morvan constitue la seule entité administrative qui recouvre le massif forestier du Morvan. Le PNR a pour vocation principale le développement de son territoire dont les activités principales sont : l’agriculture, l’exploitation forestière ainsi que le tourisme.
Un peu d’histoire
La forêt a de tout temps été un élément omniprésent dans le paysage de ce territoire très typé. Ses habitants l’ont exploitée au cours des siècles afin d’en tirer revenus, bois de chauffage et autres produits dérivés. Les déboisements, déjà entrepris par les hommes préhistoriques, se sont poursuivis à l’époque gauloise. Le bois sert en effet à la construction, au chauffage ou bien encore à la cuisson des aliments mais également au travail du fer et de la poterie.
Du XVIème à la fin du XIXème, la pratique du flottage du bois se développe pour alimenter Paris en bois de chauffage
Au Moyen Age, ce sont monastères et seigneurs qui installent des serfs pour défricher en vue de cultiver les terres. Du XVIème à la fin du XIXème, la pratique du flottage du bois se développe pour alimenter Paris en bois de chauffage. La forêt Morvandelle est alors très fortement mise à contribution. Puis l’arrivée du charbon, stoppe net la filière bois de chauffage et la forêt est ainsi délaissée. Les sols sont épuisés. Mais elle sera exploitée jusqu’à la fin du XIXème car la population y est importante. L’agriculture progresse ainsi au détriment de la forêt.
La forêt morvandelle connaîtra à nouveau une progression avec l’exode rural qui dépeuple les campagnes.
En 1950, les politiques incitatives de l’Etat favorisent les plantations résineuses mono-spécifiques. Arrivés à maturation, ces résineux suscitent actuellement l’intérêt des scieries.
Les essences en présence dans la forêt morvandelle
Il s’avère que depuis la fin du XIXème siècle, la surface forestière du Morvan a progressé de 30 à 48%.
Le chêne est l’essence dominante dans les peuplements feuillus. Au dessous de 700 m d’altitude, c’est la hêtraie-chênaie qui prédomine dans le paysage forestier. Mais au dessus de 700 m d’altitude, le climat froid exclut le chêne. Nous sommes dans le domaine de la hêtraie montagnarde.
Il s’avère que le peuplement le plus représenté dans le massif forestier du Morvan, est le mélange de futaies et de taillis composés essentiellement de chênes et de hêtres.
Depuis le milieu du XXème siècle, encouragées par le gouvernement des années 1950, les plantations de résineux ont entrainé une augmentation massive de ces essences. Le taux d’enrésinement est en effet passé de 25% à 45%.
Le Morvan représente actuellement, 48% des surfaces forestières de peuplements résineux de Bourgogne en Douglas et Epicéas.
Les futaies résineuses composées de pins douglas, d’épicéas, représentent en superficie : 34% des peuplements.
Aujourd’hui, l’arrivée à maturité des jeunes peuplements de résineux qui résultent des plantations massives réalisées dans les années 50, augmente considérablement la récolte de Douglas avec une estimation pour la Bourgogne de 1,4 millions de m3 en 2020. D’où la convoitise de scieries industrielles implantées dans d’autres régions.
L’objectif à long termes du PNR est de favoriser l’irrégularité des peuplements et les mélanges d’essences afin de permettre une régénération naturelle. Le but étant de favoriser la diversité biologique et la qualité paysagère tout en étant attentif à des revenus d’exploitation plus réguliers. La Charte forestière du Morvan veille également au renouvellement durable de la ressource en intégrant les changements climatiques.
Une intense économie forestière
La filière forêt-bois permet un potentiel de développement très important pour le massif forestier du Morvan. En effet, la forêt Morvandelle délivre actuellement environ 400 000 m³ de bois de résineux (dont 2/3 de pin douglas) et 150 000 m³ de bois de feuillus destinés à la construction, l’ameublement, le papier, l’emballage…
Le Morvan compte ainsi plus de 150 entreprises forestières qui vont de la pépinière à la commercialisation en passant par les travaux et la gestion forestière. On compte également autant d’entreprises de la première et deuxième transformation : scieries, construction bois, menuiseries, ébénisteries…). Des unités de transformation gravitent autour de la forêt Morvandelle et l’on sait que le groupe Belge Fruytier a investi 18 millions d’euros à La Roche-en-Brénil (Côte-d’Or) dans une gigantesque unité de triage et de sciage.
Le Morvan représente également la première région naturelle française productrice de sapins de Noël.
On compte en effet 1360 ha d’occupés par cette production essentiellement situés sur le département de la Nièvre. Le sapin Nordmann est l’essence n°1 dans cette production très ciblée. La lutte contre le « mitage » hérité de la culture du sapin de noël est également un objectif de la charte du PNR. Une pratique de prélèvement intempestif et néfaste sur le long terme.
La majorité des forêts du Massif forestier du Morvan appartiennent à des propriétaires privés (85%) puis viennent les collectivités (communes et départements) et l’Etat (forêts domaniales). Aussi, il est important de communiquer avec les 19 000 propriétaires privés afin de favoriser l’étalement des coupes et éviter les pénuries de bois qui menacent d’ici 20 à 30 ans.
Enfin, la fonction de « puits de carbone » de la forêt est reconnue et bénéficie de crédits particuliers afin d’aller dans le sens d’une préservation de l’environnement. Les établissements publics ainsi que les groupes industriels (banques, assurances ou fonds de pension) ont d’ailleurs très bien compris cette problématique et possèdent actuellement près de 8% de la forêt Morvandelle.
La forêt morvandelle et le tourisme
Le Parc Naturel Régional du Morvan l’a inscrit dans sa charte, son objectif est clair : « protéger l’espace naturel et y insérer les conditions de la vie moderne dans un esprit d’ouverture et de partage ». Le tourisme développé en son sein répond à cette volonté d’ouverture dans le respect de l’environnement.
Il est vrai que le massif forestier du Morvan offre de nombreuses occasions de loisirs dont la randonnée ou les plaisirs nautiques. L’eau est en effet partout : rivières, lacs et étangs et permet de s’adonner à toute activité halieutique. Le lac Settons dans la Nièvre, situé en plein cœur du PNR se découvre ainsi à pied, à vélo ou bien encore à cheval !
Au cœur de la Montagne Noire, le Mont Beuvray offre une vue exceptionnelle et permet de découvrir le musée de la civilisation celtique.
Enfin, le point culminant de cette région forestière donne à voir des paysages de toute beauté à 900m d’altitude.
La chasse n’est pas en reste puisque le sanglier est réputé abondant dans la forêt morvandelle. La population de chevreuils a également augmenté ces dernières années.
Vestiges de l’époque gallo-romaine et néolithique ou bien encore médiévale, autant de souvenirs abrités par la forêt Morvandelle qui nous offre à voir également des arbres exceptionnels comme les chênes et les hêtres multi-centenaires du mont Beuvray.
Entre une économie forestière extrêmement active et une volonté de préservation d’un écosystème qui a parfois été mis à mal par une exploitation intensive, le Massif Forestier du Morvan travaille à un équilibre qui ne fera que contribuer à sa valorisation.