La forêt comme terre d’observation
Hervé Peltier, propriétaire forestier nous parle de son amour des éléments naturels.
« Entre terre et mer », c’est un peu où se situe Hervé Peltier tout au long de l’année. Cet ancien officier de marine qui a fait toute sa carrière dans la Marine Nationale partage son temps entre la ville de Nantes où il habite pendant l’hiver avec son épouse, et Soulac-sur-Mer, en Gironde, dans la région Nouvelle Aquitaine, à la pointe du Médoc. Jamais très loin de la mer, qui est son milieu naturel de prédilection, Hervé Peltier est également un heureux propriétaire de forêts situées respectivement en Haute-Loire, dans le Tarn et l’Allier. Son crédo ? L’observation de la nature, loisir auquel il s’adonne inlassablement. « Je préfère le spectacle des arbres, des oiseaux et de la mer à celui des hommes », nous précise-t-il avec le sourire. Ce retraité de marine est devenu avec les expériences en mer, un contemplatif qui sait que l’on n’aura jamais le dernier mot face à la force des éléments. Il se plait à faire des parallèles entre la mer et la forêt qui nous délivre majestueusement un grand nombre d’enseignements.
Merci Hervé Peltier pour cette balade forestière aux accents salés, un peu de sagesse dans ce monde de brutes!
Hervé Peltier, la forêt semble être omniprésente dans votre vie
Effectivement, la forêt m’a toujours accompagné dans mon existence, en tout cas à chaque fois que je rentrais après un voyage en mer, j’allais en forêt et je pouvais ainsi observer ses évolutions. J’ai beaucoup voyagé en Outre Mer, dans le Pacifique, dans les îles françaises dont la Réunion et j’ai également observé, au cours de mes voyages, les multitudes de milieux forestiers. La diversité des bois et des essences m’ont toujours beaucoup intéressé. Aujourd’hui à la retraite, j’habite à Nantes dans un appartement au dernier étage d’un immeuble, ce qui me permet d’avoir une vue sur les arbres du square situé en bas de mon immeuble. Pins sylvestre, vieux cèdres et feuillus donnent aux oiseaux un habitat de choix. De mon observatoire, je regarde la ronde des oiseaux et des saisons.
Aux beaux jours, en revanche, nous migrons avec mon épouse dans notre résidence secondaire à Soulac-sur-Mer, dans un endroit au paysage totalement différent. A l’abri des dunes, de notre maison, nous pouvons voir et entendre la mer qui se déchaine certains jours. Cette extrémité de la forêt des Landes est assez exceptionnelle et bénéficie de conditions climatiques propices à certaines essences comme les arbousiers.
J’aime le spectacle que m’offre la nature, elle me donne à méditer et m’amène à penser que nous sommes tout petits à l’échelle des éléments naturels qui se produisent quoi que l’on puisse faire. Je passe de longues heures à regarder les paysages. J’aime beaucoup les végétaux. Les végétaux peuvent se passer de nous, ce qui n’est pas vrai à l’inverse !
Vous possédez je crois plusieurs forêts, pouvez-vous nous en parler ?
J’ai tout d’abord acquis une forêt en Haute-Loire, il y a quelques années, en 2014, grâce d’ailleurs à Forêt Investissement. Cette forêt de 26ha est constituée de diverses essences tant résineuses que feuillues : Douglas, Pins Sylvestre, Chênes, Hêtres...Je la visite régulièrement, j’aime m’y promener. Elle est à la fois accessible d’accès et accidentée quand on y pénètre. Je n’ai pas souhaité l’exploiter et pour le moment je lui laisse vivre sa vie. Je ne coupe pas de bois, je laisse la nature faire.
Puis j’ai acquis des parts de groupements forestiers à chaque fois que Forêt Investissement m’en a proposé : Tarn1 ; Tarn2 ; Chênes d’Allier, Le Poumon Vert. Acquérir des parts de groupements forestiers, c’est contribuer à la préservation de la nature mais en laissant la gestion et l’entretien de la forêt à un organisme. On va gérer pour nous tous les aspects de la question forestière avec une gestion équilibrée et diversifiée dans un esprit qui nous convient. Et puis, il faut faire confiance ! Les parts de groupement forestier, je les ai acquises pour mes petits enfants, j’en ai 8, j’ai acheté 8 parts de groupements forestiers pour chacun d’entre eux.
C’est aussi une forme de contribution au maintien de la biodiversité, mais c’est différent que de posséder une forêt. Malgré tout, nous visitons régulièrement les forêts du Tarn et de l’Allier dans lesquelles nous détenons des parts de groupements forestiers. On observe ce qui s’y fait, si tout se passe bien. Nous en profitons pour visiter également notre vigne que nous possédons dans le Minervois. Nous nous promenons ainsi de l’ouest au sud en passant par le Massif Central !
Pourquoi avoir choisi la Haute-Loire ?
Parce que le département de Haute-Loire comprend de nombreuses forêts qui abritent beaucoup de champignons, le sujet me passionne.
Vous connaissez bien les champignons je crois ?
Je suis surtout un grand amateur et j’aime les cuisiner ! Mon père était un éminent mycologue et intervenait dans de grands congrès internationaux, ses allocutions étaient d’ailleurs en latin ! Je l’admirais beaucoup.
Personnellement, j’aime avant tout les déguster ! Mais je pense en avoir une connaissance assez pointue, nous ne nous sommes jamais trompés et je suis très prudent, il le faut ! Il faut écouter ses doutes dans ce domaine.
J’aime particulièrement les cèpes de Bordeaux (Boletus Edulis) qui poussent sous les chênes, les châtaigniers et les hêtres ; le Sparassis crispa, la morille, les girolles, les chanterelles, la trompette des morts, les mousserons...
J’apprécie cette symbiose qui existe entre le champignon et la forêt. J’aime me promener et rechercher les champignons. C’est instinctif, intuitif : une question d’éclairage, d’exposition, de ressenti, de type de bois. Nous ne sommes pas que des scientifiques comme vous pouvez le constater ! Il faut avant tout beaucoup de pratique. Je tire ma pratique de la cueillette des champignons de mon expérience de la mer. On pêche quand la configuration est bonne, il faut beaucoup d’observation, de connaissances et d’expériences.
Pourquoi investir en forêt ?
L’aspect financier n’est pas négligeable : c’est un investissement sur le long terme, pour les générations qui arrivent. Mais j’avoue que les questions de réductions fiscales m’intéressent peu. Ce qui est plus important pour moi c’est de m’investir, prendre un engagement vis à vis de mes convictions et du respect de la nature.
Certains propriétaires souhaitent tirer des revenus de la forêt, ce qui est compréhensible et vendre son bois peut permettre de tirer des revenus pour entretenir sa forêt.
Dans mon cas c’est différent. Mon objectif est la conservation, à l’image du conservatoire du littoral qui oeuvre pour la préservation de la côte et qui lutte contre l’urbanisation à outrance. De mon côté, je lutte pour l’intégrité du bois ! Je souhaite garder le côté sauvage d’un petit coin de nature. Il y a là quelque chose qui échappe à l’anthropologie. C’est instinctif chez moi, je souhaite rendre à la nature ce qu’elle a pu nous donner. J’ai un rapport très fort à la forêt, j’ai l’impression que l’on a des choses à se dire !
Dans ce rapport constant que j’ai avec les arbres, je ressens que l’on n’est pas grand chose au final. On ne se limite pas à notre petite planète, les astres nous le rappellent également. Avec la forêt on se sent relié à l’univers, et ce au travers des saisons.
Quand on est face à quelque chose de grand, on a plutôt intérêt à ne pas faire le malin !